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Géran, avait fait naufrage à l’entrée même du port[1]. Les efforts de La Bourdonnais n’avaient pas encore porté tous leurs fruits : les ouvriers spéciaux lui manquaient pour la construction : il y suppléa en employant des mécaniciens à la place des charpentiers de vaisseaux, les serruriers à monter les affûts de canons, les tailleurs à fabriquer les voiles, etc. Habile à tout ce qui concernait la construction des vaisseaux, aussi bien qu’à la navigation, il présidait à tous ces travaux ; il donnait les modèles et la mesure de toutes les pièces, et plus d’une fois mettait lui-même la main à l’œuvre. Les équipages étaient composés d’hommes n’ayant l’habitude ni des armes, ni de la mer : il leur apprit tout à la fois et la manœuvre des vaisseaux et la manœuvre des troupes de terre. Ayant fait choix des plus adroits, il leur enseigna à se servir d’une machine de sa propre invention pour jeter plus sûrement des grappins d’abordage. Grâce à tant d’efforts, de persévérance et d’habileté, La Bourdonnais se trouva prêt à mettre à la voile, le 24 mars 1746, à la tête de neuf navires armés en guerre. Il se dirigea sur Madagascar, où il devait compléter ses approvisionnements. Mais à la sortie de cette île il fut accueilli par une tempête terrible. Le vaisseau qu’il montait fut démâté des trois

  1. Le Saint-Géran ! Il est peu de lecteurs français auxquels ce nom ne rappelle un douloureux souvenir d’enfance : c’est le naufrage de ce vaisseau que Bernardin de Saint-Pierre a décrit dans Paul et Virginie.