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sans peine un étranger sur le trône pendant qu’il restait encore un rejeton de cette famille. Cédant au sentiment populaire, Nizam-al-Mulk promit d’élever à la dignité de nabob le jeune Seïd-Mahomet dès qu’il aurait âge d’homme ; en attendant, il le remit aux mains d’Anwar-Odean, qu’il chargeait en même temps du soin de pacifier le Carnatique. L’affection du peuple ne devait point protéger long-temps Seïd-Mahomet : des Afghans, ayant réussi à s’approcher du jeune prince sous prétexte de lui rendre hommage, le poignardèrent au milieu d’un festin. Mortiz-Ali était à ce banquet ; la rumeur publique l’accusa de ce nouveau crime ; mais, profitant de la confusion, il échappa et regagna en toute hâte Velore. Les soupçons du peuple n’épargnèrent pas davantage Anwar-Odean ; mais Nizam-al-Mulk n’eut aucun égard à ces soupçons, à ces répugnances populaires. N’ayant aucun intérêt à éclaircir la chose, bien aise, peut-être au fond du cœur, de voir le gouvernement aux mains d’un homme en état d’assurer l’obéissance de la province, il se hâta d’élever Anwar-Odean à la dignité de nabob du Carnatique.

À cette époque (1745), la guerre venait d’éclater en Europe entre la France et l’Angleterre. L’Angleterre par ses possessions du Hanovre, la France par sa position même, qui ne lui permet guère d’observer la neutralité, s’étaient trouvées engagées dans une guerre continentale. Ces deux puissances, après avoir combattu quelque temps