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mandement des troupes rentraient dans ses attributions. À la tête d’un district étendu, il avait tout l’extérieur, toute l’apparence d’un prince. Ressort singulièrement compliqué dans le gouvernement indou-mahométan, le zemindar était donc tout à la fois fermier, receveur du revenu, magistrat, officier de police. L’ensemble de ces pouvoirs le faisait d’abord ressembler, pour des yeux européens, à un seigneur féodal de l’Europe au moyen-âge. Un abîme existait pourtant entre eux. Le premier se trouvait le véritable propriétaire de terres qu’il donnait à bail ; le revenu lui appartenait pour la plus grande partie ; le zemindar, au contraire, n’avait qu’une commission sur les sommes versées par lui dans le trésor impérial, et à ce point de vue n’était qu’un banquier. Quant au ryot, bien que l’empereur seul eût, ainsi que nous l’avons dit, la propriété du sol, il n’en jouissait pas moins de la plupart des droits de la propriété. La coutume avait fait de la jouissance de la terre par lui une véritable possession, lui assurant la plupart des avantages de la propriété : il n’était pas dépossédé, à moins d’avoir manqué à ses engagements ; il pouvait céder son bail de la terre qu’il cultivait, pendant sa vie et après sa mort : autant que droits peuvent être établis par la possession, les siens l’étaient. En définitive les ryots se trouvaient donc dans la situation de fermiers, ayant la faculté de vendre ou céder leurs baux avec la seule restriction de respecter le droit de pro-