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ministration à son second fils, Mahomet-Mauzim ; à peine sur le trône, la crainte lui vint que ce grand pouvoir qu’il venait de confier ne fût bientôt tourné contre lui-même. Mauzim, qui connaissait l’humeur défiante et jalouse d’Aureng-Zeb, conservait cependant avec grand soin les dehors de la plus extrême humilité ; évitant tout déploiement de pouvoir, toute apparence de richesse, il se faisait seulement remarquer par une exactitude extrême à s’acquitter de ses moindres devoirs vis-à-vis l’empereur. Les contributions de son gouvernement ne demeuraient jamais un seul jour en arrière. L’habileté prudente de cette conduite ne fut pourtant pas suffisante à empêcher qu’il ne fût rappelé à la cour, et remplacé comme vice-roi du Deccan par Shaista-Khan. Comme dédommagement et pour remplacer par des espérances ce dont il le dépouillait en réalité, l’empereur déclara Mahomet-Mauzim l’héritier du trône, et changea son nom en celui de Shah-Aulum ou roi du monde. Peu après l’empire fut désolé par un fléau terrible ; une sécheresse extraordinaire suspendit toute végétation, et laissa sans nourriture les hommes et les animaux ; Aureng-Zeb prit les plus actives mesures : les impôts furent remis, le trésor impérial ouvert aux sujets de l’empire ; le grain, acheté dans les provinces où il était le plus en abondance, fut porté dans celle où il se trouvait le plus rare, de sorte à diminuer le mal en le répartissant sur un plus grand espace. La prudence avec laquelle l’empereur avait toujours