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dra le service qu’il a promis. La nature de ce service offert par le fils, accepté par le père, n’était pas désignée dans la lettre d’Aureng-Zeb ; d’ailleurs toute la lettre laissait facilement deviner qu’il s’agissait de la mort ou de la capture de Sujah. Cette ruse d’Aureng-Zeb jeta le doute, l’angoisse, la crainte dans le cœur de Sujah ; et ses mauvais traitements contraignirent bientôt Mahomet à s’éloigner. Celui-ci n’eut plus d’autre ressource que de s’aller jeter aux pieds d’Aureng-Zeb et de s’en remettre à sa clémence. Immédiatement emprisonné dans la forteresse de Gwalior, il y languit plusieurs années, et ne recouvra la liberté que pour mourir peu de jours après. Sujah et sa famille, successivement trahis par les princes auprès desquels ils allaient demander un refuge, subirent divers genres de mort. Dernier objet des craintes d’Aureng-Zeb, Soliman, réfugié chez le rajah de Serinagur, fut bientôt trahi par ce dernier, auquel une récompense avait été offerte, trop forte pour la vertu d’un Indou.

Aureng-Zeb se trouva ainsi maître absolu de l’empire mogol. Toute rivalité vaincue, toute résistance étouffée, rien ne l’empêcha plus de tourner toute l’activité de son esprit vers l’administration intérieure de l’empire ; il put encore s’occuper sans relâche de l’achèvement de la conquête du Deccan, qui devint l’événement le plus important de son règne. À l’époque où il se proposait de disputer la couronne à ses frères, Aureng-Zeb, en quittant cette province, en avait laissé l’ad-