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tait son frère ; il prit le ciel et la terre à témoin de son horreur pour une guerre contre son père et son souverain. Dara envoya l’ordre à son fils Soliman, qui, en ce moment assiégeait Sujah dans Monghir, de faire avec ce dernier la paix à tout prix, et de venir se joindre à lui. Soliman, obéissant aux ordres de son père, se hâta d’accourir sur le théâtre où l’action allait s’engager. Soliman était à la fois prudent, brave, aimé de ses soldats. D’un autre côté, l’empereur voulait à toute force se mettre en campagne. Si l’une ou l’autre de ces deux circonstances se fût réalisée, si Soliman ou Shah Jehan fussent arrivés avant qu’un engagement décisif eût lieu, peut-être en était ce fait de la destinée d’Aureng-Zeb. Mais Dara était impatient d’agir : il se hâta de marcher pour occuper les bords de la rivière de Chumbul, et les passes des montagnes qui s’étendent du Guzerate à la Jumma. Aureng-Zeb, après avoir reconnu la position de l’ennemi, la trouva tellement forte, qu’il renonça au dessein de l’attaquer ; craignant en même temps l’arrivée de Soliman, il se trouva tout-à-coup dans la plus étrange perplexité. Un avis inattendu vint le tirer d’embarras, peut-être le sauver. Un omrah de ses partisans, bien qu’il se trouvât dans les rangs de Dara, lui fit donner connaissance d’un chemin détourné conduisant du lieu qu’il occupait à une partie de la rivière alors sans défense ; Aureng-Zeb en profita pour gagner la rive opposée avec la presque totalité de ses troupes, tandis que son camp demeu-