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les attaquer. Aureng-Zeb eut l’art de temporiser quelques jours ; jusqu’au moment où il fut rejoint par Mourad ; tous deux alors passèrent la rivière. Le rajah, après un combat opiniâtre, fut mis en fuite. Aureng-Zeb, qui se servait volontiers de la ruse et n’employait d’ordinaire la force qu’à défaut de cette dernière, avait en même temps pratiqué des intelligences avec les mahométans de l’armée du rajah. Cependant la maladie de Shah-Jehan, jugée d’abord mortelle, trompa les prévisions des médecins ; il en revint, et Dara ne perdit pas un moment pour lui restituer le pouvoir, conduite désintéressée, qui l’éleva plus haut encore dans l’affection de l’empereur. En même temps Shah-Jehan se hâta d’envoyer l’injonction positive à Aureng-Zeb et à Mourad de se rendre dans leurs gouvernements respectifs. Aureng-Zeb avait beaucoup de répugnance à abandonner une entreprise si bien commencée ; toutefois comme Shah-Jehan était son père, de plus aimé du peuple et de l’armée, il craignit l’odieux d’une semblable guerre, et après quelque hésitation prit le parti de l’obéissance.

Cependant l’impétuosité de Dara devait fournir promptement un prétexte à Aureng-Zeb pour mettre ses desseins à exécution. À la nouvelle de la défaite du rajah Jeswint-Sing, Dara, enflammé de colère, partit d’Agra à la tête des forces impériales, annonçant l’intention de venger le rajah et de châtier sévèrement Aureng-Zeb. Ce dernier se plaignit amèrement de la nécessité de combattre où le met-