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veur. Peu de temps après, Chusero se mit de nouveau en rébellion contre son père ; mais les forces dont il disposait ne lui laissèrent pas le moyen de soutenir le combat ; ses principaux partisans furent mis à mort, et lui-même enfermé dans une prison perpétuelle. Jehangire épousa la femme d’un de ses principaux omrahs, qu’il avait fait périr dans ce but.

L’histoire de cette princesse est vraiment singulière. Elle était d’origine tartare, ayant pour père un certain Chaja-Aiass. Celui-ci, poursuivi par la misère dans son pays, se résolut à aller chercher fortune dans l’Indostan. Ses ressources lui manquèrent long-temps avant qu’il eût atteint le terme de son voyage. Sa femme, avancée dans sa grossesse, fut saisie des douleurs de l’enfantement au milieu d’un désert, et donna le jour à une fille. Le père et la mère, au milieu de leur dénûment, ne crurent pas pouvoir amener l’enfant sain et sauf jusqu’à un lieu habité ; ils prirent le parti de l’abandonner. En conséquence, l’ayant déposé au pied d’un arbre, ils s’éloignèrent. Aussi long-temps que cet arbre demeura en vue, la mère se maintint dans sa résolution ; au moment où il disparut à l’horizon, elle se laissa tomber sur le sol et refusa d’aller plus loin sans sa fille. Le père retourna pour la chercher ; alors il vit un long, large et gros serpent noir qui l’enlaçait de ses replis nombreux et déjà ouvrait son énorme gueule pour la dévorer. Un cri d’horreur échappa au malheureux