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les finances un ordre, une régularité qui durèrent, en dépit de la faiblesse de ses successeurs. Il n’écrivit pas comme Baher et Humayoon, mais il était lettré, et se plaisait aux entretiens des philosophes et des poëtes. Il inspira l’Ayen-Ackbar, c’est-à-dire les Institutions d’Ackbar, vaste et poétique description de l’empire, rédigées par un de ses grands officiers, Abdul-Fazil. Généreux, magnifique, il remplit l’Inde au xvie siècle, comme Louis XIV l’Europe au xviie. Comme ce dernier, ce fut lui qui marqua l’apogée de la grandeur de sa maison. Il est encore, dans les idées, les opinions indoues, ce qu’était Louis XIV pour l’Europe chrétienne et monarchique, le roi, le prince par excellence ; celui qui réalisait le mieux l’idée du monarque. Les éloges outrées, les panégyriques démesurés dont il est l’objet, par leur exagération même en portent témoignage. Ainsi un de ses historiens a dit : « Les défauts d’Ackbar sont des vertus poussées à l’extrême. Son nom vit et vivra sans cesse, pour porter dans les siècles à venir la gloire de la maison de Timour. Il vivra pour devenir un modèle à tous les rois de l’univers[1]. »

C’était aussi les yeux fixés sur Ackbar qu’un autre historien se plaisait à tracer ce portrait idéal d’un roi, ou pour mieux dire du roi : « Un roi est celui qui surpasse tous ses contemporains, qui connaît l’univers entier et règle sa conduite sur

  1. Ferishta.