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fût conduit, afin qu’il en agît à sa fantaisie ; le régent le fit mettre à mort. Ackbar désapprouva hautement ces deux traits de cruauté de son ministre ; il en vint à la résolution de la dépouiller de son titre de régent, mesure dont l’exécution exigeait beaucoup d’adresse et de fermeté. » Il se retira immédiatement d’Agra ; peu de jours après, il fit paraître une proclamation dans laquelle il annonçait à tout l’empire sa résolution de gouverner par lui-même ; défense était faite à tout fonctionnaire, à tout sujet de l’empire d’obéir à d’autres ordres qu’à ceux qui seraient revêtus de sa propre signature.

Plein de fermeté quand il avait servi son maître, Beiram se montra faible et irrésolu quand il fallut agir pour lui-même. Ackbar lui ayant fait donner l’avis qu’un pèlerinage à la Mecque serait utile à son salut, on le vit hésiter long-temps ; tantôt se montrer disposé à obéir, tantôt vouloir se constituer un royaume de quelques unes des provinces qui ne reconnaissaient pas encore l’autorité impériale ; d’autres fois encore il formait le projet de s’emparer du Punjaub. Décidé enfin pour le parti de la résistance, il en appela aux armes. Toutefois, ne trouvant aucun appui, Beiram fut bientôt contraint de s’en remettre à la clémence de l’empereur. Ackbar se hâta de l’assurer de l’oubli du passé ; il l’invita à se rendre en sa présence. Beiram se présenta avec tous les dehors de l’humilité, et, fondant en larmes, se précipita la face contre terre. Ackbar le releva de sa propre main,