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La bonne harmonie ne pouvait subsister long-temps entre l’empereur et le ministre tout-puissant qui l’avait si bien servi. Les prétentions impérieuses du ministre, le caractère altier et dominateur d’Ackbar, ne devaient pas tarder à produire entre ces deux hommes du mécontentement, de la défiance, de la jalousie. Or, avec ces dispositions d’esprit, les moindres incidents et les plus inattendus ne pouvaient manquer d’avoir de sérieuses conséquences. L’accident qui détermina la rupture est ainsi raconté par l’historien d’Ackbar, Abdul-Fazil : « Un jour, pendant que le roi se trouvait à Agra, un de ses éléphant s’étant en chaleur, attaqua et tua un des éléphants de Beiram-Khan ; celui-ci, dans l’irritation du premier moment, fit mettre à mort le conducteur de l’éléphant impérial, sans en avoir eu l’autorisation de l’empereur. Ackbar fut violemment irrité, et d’autant plus qu’il paraissait que le conducteur n’était pas à blâmer, car il avait perdu tout pouvoir sur l’animal. Peu de jours après, Beiram-Khan se promenait en bateau sur la rivière, un des éléphants de l’empereur, que l’on avait mené à l’eau, se précipita sur le bateau et fut au moment de le renverser, malgré les efforts de son conducteur. Le ministre, naturellement soupçonneux, vit dans ces accidents l’indice d’un complot formé contre sa vie ; il sollicita de l’empereur la punition du conducteur de l’éléphant. Ackbar, avec l’intention de satisfaire le régent et d’éloigner de son esprit tout soupçon, ordonna que le conducteur lui