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gouverneur de Bahar, puis de Bengale, dont il usurpa la vice-royauté. De ce moment ces provinces importantes ne cessèrent presque jamais d’être en insurrection contre l’empereur. La haine de l’Afghan contre les nouveaux conquérants de l’Inde, n’avait fait que croître avec le temps. En ce moment il sut profiter de ces dissensions de la famille impériale dont nous venons de parler. Campé dans le voisinage de l’empereur, non loin d’Agra, il eut l’art de nouer des négociations avec lui ; un savant derviche, allant d’un camp à l’autre, leur servit d’intermédiaire. Comme Sheer-Khan ne demandait que ce qu’il possédait déjà, c’est-à-dire la souveraineté de Bahar et de Bengale, qu’il consentait même à les tenir nominalement du roi et à payer un insignifiant tribut, Humayoon ne pouvait manquer d’accepter ces propositions ; de mutuels serments les ratifièrent. Avec une confiance qui lui fait honneur, Humayoon bannit dès lors de son esprit tout soupçon, toute défiance ; il laissa de fréquentes communications s’établir entre les deux camps. Or ce que s’était proposé l’Afghan rusé, c’était seulement d’endormir la prudence de son rival ; lorsqu’il crut avoir atteint ce but, à la tête d’une troupe d’élite, il surprit le camp impérial alors sur les bords du Gange. Un pont de bateaux, que les Mogols préparaient en ce moment n’était point achevé, il ne leur restait de moyens d’échapper que celui de traverser la rivière à la nage : les bateaux avaient été soigneusement enlevés dans tous les en-