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étrange, propre à l’Inde, mais difficile à comprendre pour nous, en raison de son incompatibilité avec l’état social de l’Europe. Avant l’invasion des musulmans, l’Inde se trouvait divisée en une multitude de petites principautés, suivant toute apparence, tantôt agglomérées, tantôt dispersées par la guerre ; la conquête les réunit momentanément en un tout ; elle les enlace dans les liens d’une même administration ; mais dans la suite des temps ces liens allèrent en se relâchant de jour en jour, et alors un moment arriva où ils laissèrent pour ainsi dire échapper ces petits États, qui, livrés à eux-mêmes, se divisèrent et subdivisèrent. L’Inde se trouva alors comme brisée en une multitude de parties sans lien, sans cohésion, toutes prêtes à subir le joug de la conquête. D’un autre côté, elle ne cessa depuis lors de s’emplir d’une multitude d’aventuriers qu’aucune organisation politique ne retenait dans ses limites, toujours prêts à suivre l’étendard de tout chef doué de courage, de talent, d’énergie. C’est comme une sorte de poussière sociale que l’esprit de guerre et d’aventure peut soulever au hasard, et promener çà et là en tourbillons destructeurs, mais qui, sous les mains d’un chef énergique, habile, peut aussi prendre de la consistance, se condenser en un peuple, une nation. Sorte d’agglomération, de cristallisa-