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pour son successeur. D’après sa volonté, son corps fut porté à Caboul et enseveli dans un tombeau qu’il s’était fait construire depuis longues années.

Monté sur le trône à l’âge de douze ans, Baber en régna trente-huit. Ce fondateur de la dynastie mogole, à plusieurs défauts qui tenaient de sa race et de son époque, mêlait un grand nombre de belles et nobles qualités. L’amour de la vengeance et la cruauté lui étaient étrangers ; il pardonna si souvent la trahison, que ses contemporains ont dit de lui, qu’il semblait s’être fait cette règle de conduite de rendre le bien pour le mal. Il désarmait à force de magnanimité la malignité de ses ennemis. Beaucoup de ces derniers devinrent ses admirateurs et ses plus dévoués serviteurs. Sa générosité touchait à la prodigalité. Appartenant à la secte des sunites, il est sans exemple qu’il ait jamais manqué à l’accomplissement de ses dévotions journalières. Parmi ses contemporains il avait peu de rivaux dans l’art d’écrire en prose ou en vers ; il aimait passionnément la musique ; il écrivit sa propre vie avec un art de style que ses compatriotes admirèrent, et, ce qui est plus rare encore, avec une véracité dont le plus grand nombre d’entre eux s’empressèrent de porter témoignage. Il était beau, de manières prévenantes, affables, doué d’un esprit de justice dont l’exemple suivant parut merveilleux à ses contemporains. À l’époque où il régnait sur le Ferguna, le propriétaire d’une riche caravane fut tué par la foudre en passant sur son propre territoire. Baber fit