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passer par la plutôt que de désobliger quelqu’un qui s’est montré tellement serviable, et par le moyen duquel nous nous flattons d’obtenir ce que nous sollicitons. — 8 juillet 1715.

« Déjà vous avez été informés que trois jours après notre arrivée en ville l’empereur s’en est éloigné ; sous prétexte d’aller faire ses dévotions, il s’est rendu à un lieu de pèlerinage fort en renommée, à neuf milles de Delhi. Son véritable motif était de sortir de la citadelle, où il ne se croyait pas en mesure de se faire obéir. Il a tourné de çà et de là autour de la ville pendant huit à dix jours. Les omrahs lui adressèrent d’humbles demandes pour le prier de retourner dans son palais, la saison leur semblait mal choisie pour un plus long voyage ; il s’y refusa, disant quelquefois qu’il voulait se rendre à Lahore, d’autres fois à Ajmère. Nous fûmes fort effrayés de cette résolution, en raison de la difficulté de transporter jusque là nos présents, quoique aux dépens de l’empereur ; quant à les envoyer ailleurs et tenter d’entamer des négociations sans les avoir préalablement délivrés, il n’y fallait pas songer. Après beaucoup de réflexions, le mieux nous parut être de distribuer les présents aussitôt que possible, quoique le roi fût en voyage. En conséquence, nous transportâmes au camp les écritoires, les porcelaines, les laques du Japon, les armes à feu la coutellerie, etc., et les offrîmes à l’empereur ; le lendemain, nous distribuâmes quatre cents pièces de drap ordinaire ; le troisième jour, trois cents