Page:Barbusse - Pleureuses, 1920.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tandis que l’ombre nous azure
Ainsi qu’un grand couple éternel,
Le silence comme un murmure
Remplit la chambre jusqu’au ciel.

Et lorsque la nuit souveraine
T’étoile de son vieux reflet,
Je sens comme une grande haine
Qui nous sépare et se tait.

Je t’aime pourtant, oh je t’aime
Demi-pleurante en tes attraits,
Et vague, avec ton diadème
Où frissonnent les astres vrais.

Presque cachés par l’heure sombre,
Je vois surgir blanches, sans bruit,
Les mains que tu tends à mon ombre
Dans les abîmes de la nuit.