III
LA DESCENTE
L’aube grisâtre déteint à grand’peine sur l’informe paysage encore noir. Entre le chemin en pente qui, à droite, descend des ténèbres, et le nuage sombre du bois des Alleux – où l’on entend sans les voir les attelages du Train de combat s’apprêter et démarrer – s’étend un champ. Nous sommes arrivés là, ceux du 6e Bataillon, à la fin de la nuit. Nous avons formé les faisceaux, et, maintenant, au milieu de ce cirque de vague lueur, les pieds dans la brume et la boue, en groupes sombres à peine bleutés ou en spectres solitaires, nous stationnons, toutes nos têtes tournées vers le chemin qui descend de là-bas. Nous attendons le reste du régiment : le 5e Bataillon, qui était en première ligne et a quitté les tranchées après nous.
Une rumeur…
— Les voilà !
Une longue masse confuse apparaît à l’ouest et dévale comme de la nuit sur le crépuscule du chemin.
Enfin ! Elle est finie, cette relève maudite qui a commencé hier à six heures du soir et a duré toute la nuit ; et à présent, le dernier homme a mis le pied hors du dernier boyau.