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XX

LE FEU


Réveillé brusquement, j’ouvre les yeux dans le noir.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

— C’est ton tour de garde. Il est deux heures du matin, me dit le caporal Bertrand que j’entends, sans le voir, à l’orifice du trou au fond duquel je suis étendu.

Je grogne que je viens, je me secoue, bâille dans l’étroit abri sépulcral ; j’étends les bras et mes mains touchent la glaise molle et froide. Puis je rampe au milieu de l’ombre lourde qui obstrue l’abri, en fendant l’odeur épaisse, entre les corps intensément affalés des dormeurs. Après quelques accrochages et faux pas sur des équipements, des sacs, et des membres étirés dans tous les sens, je mets la main sur mon fusil et je me trouve debout à l’air libre, mal réveillé et mal équilibré, assailli par la bise aiguë et noire.

Je suis, en grelottant, le caporal qui s’enfonce entre de hauts entassements sombres dont le bas se resserre étrangement sur notre marche. Il s’arrête. C’est là. Je perçois une grosse masse se détacher à mi-hauteur de la muraille spectrale, et descendre. Cette masse hennit un bâillement. Je me hisse dans la niche qu’elle occupait.

La lune est cachée dans la brume, mais il y a, répandue