XI
LE CHIEN
Il faisait un temps épouvantable. L’eau et le vent assaillaient les passants, criblaient, inondaient et soulevaient les chemins.
De retour de corvée, je regagnais notre cantonnement, à l’extrémité du village. À travers la pluie épaisse, le paysage de ce matin-là était jaune sale, le ciel tout noir – couvert d’ardoises. L’averse fouettait l’abreuvoir avec ses verges. Le long des murs, des formes se rapetissaient et filaient, pliées, honteuses, en barbotant.
Malgré la pluie, la basse température et le vent aigu, un attroupement s’agglomérait devant la poterne de la ferme où nous logions. Les hommes serrés là, dos à dos, formaient, de loin, comme une vaste éponge grouillante. Ceux qui voyaient, par-dessus les épaules et entre les têtes, écarquillaient les yeux et disaient :
— Il en a du fusil, le gars !
— Pour n’avoir pas les grolles, i’ n’a point les grolles !
Puis les curieux s’éparpillèrent, le nez rouge et la face trempée, dans l’averse qui cinglait et la bise qui pinçait, et, laissant retomber leurs mains qu’ils avaient levées au ciel d’étonnement, ils les enfonçaient dans leurs poches.
Au centre, demeura, strié de pluie, le sujet du ras-