X
ARGOVAL
Le crépuscule du soir arrivait du côté de la campagne. Une brise douce, douce comme des paroles, l’accompagnait.
Dans les maisons posées le long de cette voie villageoise – grande route habillée sur quelques pas en grande rue – les chambres, que leurs fenêtres blafardes n’alimentaient plus de la clarté de l’espace, s’éclairaient de lampes et de chandelles, de sorte que le soir on sortait pour aller dehors, et qu’on voyait l’ombre et la lumière changer graduellement de places.
Au bord du village, vers les champs, des soldats déséquipés erraient, le nez au vent. Nous finissions la journée en paix. Nous jouissions de cette oisiveté vague dont on éprouve la bonté quand on est vraiment las. Il faisait beau ; l’on était au commencement du repos, et on en rêvait. Le soir semblait aggraver les figures avant de les assombrir, et les fronts réfléchissaient la sérénité des choses.
Le sergent Suilhard vint à moi et me prit par le bras. Il m’entraîna.
— Viens, me dit-il, je vais te montrer quelque chose.
Les abords du village abondaient en rangées de grands