VII
EMBARQUEMENT
Barque, le lendemain, prit la parole et dit :
— J’vas t’expliquer ce qui en est. Y en a qui gou…
Un féroce coup de sifflet coupa son explication, net, à cette syllabe.
On était dans une gare, sur un quai. Une alerte nous avait, dans la nuit, arrachés au sommeil et au village, et on avait marché jusqu’ici. Le repos était fini ; on changeait de secteur ; on nous lançait ailleurs. On avait disparu de Gauchin à la faveur des ténèbres, sans voir les choses et les gens, sans leur dire adieu du regard, sans en emporter une dernière image.
… Une locomotive manœuvrait, proche à nous coudoyer, et elle braillait à pleins poumons. Je vis la bouche de Barque, bouchée par la vocifération de cette voisine colossale, prononcer un juron : et j’apercevais grimacer, en proie à l’impuissance et à l’assourdissement, les autres faces, casquées et ceinturées de jugulaires — car nous étions sentinelles dans cette gare.
— Après toi ! glapit Barque, furieux, en s’adressant au sifflet empanaché.
Mais le terrible appareil continuait de plus belle à renfoncer impérieusement les paroles dans les gorges. Quand