tons ici, et nous ne pensons plus réellement au départ, même lorsque nous en parlons.
— La onzième Division est bien restée un mois et demi au repos, dit Volpatte.
— Et le 375e, donc, neuf semaines ! reprend Barque, irréfutablement.
— Pour moi, nous resterons pour le moins autant, pour le moins, je dis.
— On finirait bien la guerre ici…
Barque s’attendrit et n’est pas loin de le croire :
— Après tout, elle finira bien un jour, quoi !
— Après tout !… redisent les autres.
— Évidemment, on n’sait jamais, fait Paradis.
Il dit cela faiblement, sans grande conviction. Pourtant c’est une parole contre laquelle il n’y a rien à répondre. On la répète doucement, on s’en berce comme d’une vieille chanson.
Farfadet nous a rejoints depuis un moment. Il s’est placé près de nous, un peu à l’écart cependant, et s’est assis, les poings au menton, sur une cuve renversée.
Celui-là est plus solidement heureux que nous. On le sait bien ; lui aussi le sait bien : relevant la tête, il a regardé successivement du même œil lointain, le dos du vieux qui allait à la chasse de son trésor, et notre groupe qui parlait de ne plus s’en aller ! Sur notre délicat et sentimental compagnon brille une sorte de gloire égoïste qui en fait un être à part, le dore et l’isole de nous, malgré lui, comme des galons qui lui seraient tombés du ciel.
Son idylle avec Eudoxie a continué ici. Nous en avons eu des preuves, et même, une fois, il en a parlé.
Elle n’est pas loin, et ils sont bien près l’un de l’autre… Ne l’ai-je point vue passer, l’autre soir, le long du mur du presbytère, la chevelure mal éteinte par une mantille, allant visiblement à un rendez-vous, ne l’ai-je point vue,