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Comme ils sont peu mêlés ! Comme il n’y a vraiment que leur épouvante qui leur soit commune, et comme je comprends qu’ils l’attisent désespérément… Mais leur immense effort pour communier en quelque chose allait aboutir.

La femme, aux approches de la fête obscure, commençait à prendre une sublime importance, et son visage qui souriait et pleurait d’ombre s’emplissait de résignation et de souveraineté.

Il n’y a plus de paroles ; celles-ci ont fait leur œuvre de renouveau… Ce sont les étreintes et la chair, la grande cérémonie de silence et d’ardeur qui s’ébauche ; soupirs, gestes gauches, bruits humains d’étoffes.

Elle est debout, à présent ; elle est à demi-dévêtue ; elle est devenue blanche… Est-ce elle qui se dévêt, est-ce lui qui la dépouille des choses ?… On voit ses cuisses larges, son ventre argenté dans la chambre comme la lune dans la nuit… Une grande ligne noire barre ce ventre ; le bras de l’homme. Il la tient, la serre, cramponné sur le divan. Et sa bouche, à lui, est près de la bouche de son sexe, et ils se rapprochent pour un baiser monstrueusement tendre. Je vois le corps sombre agenouillé devant le corps pâle — et elle laisse tomber de grands regards sur lui…

Puis elle murmure, la voix radieuse :

— Prends-moi… Prends-moi encore une fois après tant d’autres fois. Mon corps est à moi et je te le donne. Non ? Il n’est pas à moi. C’est pour cela que je te l’apporte avec tant de joie !

Maintenant, il l’a étendue sur ses genoux… Je