mes yeux : une fillette et un jeune garçon de douze ou treize ans.
Ils s’étaient assis sur le canapé, et se regardaient sans rien dire, avec leurs figures presque pareilles.
La voix de l’un d’eux s’éleva et murmura :
— Tu vois qu’il n’y a personne.
Et une main montra le lit sans draps, les portemanteaux nus de vêtements, la table déserte : la soigneuse dévastation des chambres inoccupées.
Puis, à mes yeux, cette main se mit à trembler comme une feuille. J’entendais les battements de mon cœur. Les voix bruissèrent.
— Nous sommes seuls… On ne nous a pas vus.
— On dirait que nous sommes seuls pour la première fois.
— Pourtant, nous nous connaissons depuis toujours…
Un petit rire balbutia.
Il semblait qu’ils avaient eu besoin de leur solitude, première étape d’un mystère où ils allaient ensemble. Ils s’étaient échappés des autres ; ils avaient défait les autres d’autour d’eux. Ils avaient créé la solitude défendue. Mais on voyait bien qu’une fois la solitude trouvée, ils ne savaient plus quoi chercher.