— Je ne sais si elle ira jusqu’à la centième… En tous cas, nous l’avions déjà vue plus de cent fois.
J’entends nommer le monsieur qui a parlé ainsi. C’est M. Pierre Corbière, l’auteur dramatique dont la pièce Le Zig-Zag, tient l’affiche d’un grand théâtre voisin : trois actes fourmillant, dit-on, d’allusions à des personnalités vivantes.
On reconnaît l’écrivain : un mouvement circulaire de chapeaux autour de lui comme s’ils se soulevaient au vent de son passage ; et les mains favorisées s’avancent pour l’honneur de toucher la sienne : Il va, adulé et triomphant. Lui aussi est comme l’autre : argent et renommée, il a gagné cela par la basse flatterie de sa virtuosité facile, de son bagout de parisianisme et d’actualité — vis-à-vis de la populace riche qui hante les salles de spectacle. Je le méprise et je le hais.
Maintenant je marche sous le ciel, dans les plaines du ciel où tant de paroles vides sont jetées.
Toutes ces choses que je viens de voir moisiront vite. Tout cela est trop à la mode pour n’être pas démodé demain. Où sont-ils, les brillants auteurs de ces dernières années ? Leurs noms surnagent on ne sait sur quoi.
Le contact de la vérité m’a appris à la fois l’erreur et l’injustice, et me force à détester ces distractions légères d’un moment, parce qu’elles sin-