bruit de soie et un parfum de fleurs et d’encens. Elle tient beaucoup de place à cause de son parfum et de son élégance.
Cette dame tend légèrement en avant une belle figure longue ornée d’un regard d’une grande douceur. Mais je ne la vois pas bien, car elle ne me regarde pas.
Elle s’assied, prend un livre, le feuillette, et les pages donnent à sa figure un reflet de blancheur et de pensée.
J’examine à la dérobée son sein qui se soulève et qui s’abaisse, et sa figure immobile, et le livre vivant qui est uni à elle. Son teint est si lumineux que sa bouche paraît presque noire. Sa beauté m’attriste. Je contemple cette inconnue, des pieds à la tête, avec un sublime regret. Elle me caresse de sa présence. Une femme caresse toujours un homme quand elle s’approche de lui et qu’elle est seule ; malgré tant d’espèces de séparations, il y a toujours entre eux un affreux commencement de bonheur.
Mais elle s’en va. C’est fini d’elle. Il n’y a rien eu, et pourtant, c’est fini. Tout cela est trop simple, trop fort, trop vrai.
Ce doux désespoir, que je n’aurais pas eu avant, m’inquiète. Depuis hier, je suis changé ; la vie humaine, la vérité vivante, je la connaissais, comme nous la connaissons tous ; je la pratiquais depuis ma naissance. J’y crois avec une sorte de crainte maintenant qu’elle m’est apparue d’une façon divine.