stellaire. Non pas l’ensemble réel ou même visible du firmament, qui est incommensurable, mais la partie qui en a été mesurée par la science. L’investigation scientifique se borne à un rayon de huit cent mille milliards de kilomètres à partir de la Terre. Au delà de ce rayon, qui n’embrasse que les astres les plus proches, les mondes ne présentent pas, par rapport au mouvement de la terre, un déplacement apparent nous permettant d’apprécier leur distance, et nous n’avons plus aucune donnée sur les espaces sidéraux. L’univers exploré par le calcul est donc représenté par une sphère dont le rayon aurait huit cent mille milliards de kilomètres. Les nombres qui déterminent cette sphère sont les plus grands qu’on puisse appliquer à la réalité. Ils donnent, comme volume, deux mille cent quarante-cinq sexdécillions de mètres cubes. Comme, d’autre part, le nombre d’atomes contenu dans un mètre cube est, en nous référant à la dimension hypothétique que nous avons accordée à l’atome, d’un décillion, le rapport entre la plus grande chose et la plus petite est un nombre tel, que la science n’a pas de terme pour l’exprimer. Jamais on ne s’en est servi : je suis peut-être le premier homme qui le fait, dans le besoin de précision énorme qui me tourmente ce soir. D’après l’étymologie latine des noms des nombres, ce nombre vierge qui formule ce que l’univers peut contenir d’atomes commencerait à s’énoncer ainsi : deux octovigentillions… Il est composé d’un deux suivi de quatre-vingt-sept chiffres. Rien ne peut donner une idée de l’immensité de ce nombre, qui exprime
Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/265
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.