danse éthérée des cloches domine et règle la fête entière, voilà un seul cœur, dont monte le cri ; ce cri est d’un mouvement simple, mais on sent qu’il n’aura pas de fin ni de bornes et qu’il a, en quelque sorte, la forme de l’azur. Il confond son vol avec celui de la voix religieuse ; il monte en même temps qu’elle à chaque sursaut de ses trois coups d’ailes, ou dans un frémissement d’innombrables battements lorsqu’elle s’épanouit en carillons.
Mais quelque chose est là qu’on oubliait, quelque chose de plus vaste que la joie, et qui marque à coups sourds son existence indéracinable. On le pressentait, on l’entend, on le sent. Le balancier va marteler les rêves, s’imposer parmi les illusions, insensible aux tendres caresses contraires, et chaque choc pénètre comme un clou.
Quelle que soit la grandeur du chant de l’angélus, la parole supérieure des heures l’enveloppe de son calme ; elle s’amplifie en jours, en années, en générations. Elle domine le monde comme le clocher dominait le village. Le cri du cœur résiste passionnément. Il est seul : le chant pieux n’était pas soutenu par le ciel comme celui du temps par l’ombre. L’heure est un grand rythme monotone dont chaque avertissement sonore coupe l’infatigable espoir qui remonte en un mouvement perpétuel, mais ne dérange pas l’immortel motif, l’adagio définitif qui tombe de l’horloge… Et la mélodie brisée ne peut que changer la tristesse en beauté.