et des siècles à dire du progrès : « Je le voudrais, mais je ne le veux pas », et que s’il faut, pour accomplir certaines réformes, un consentement universel, eh bien, je sais que l’univers aussi s’ensemence ! Je sais, je sais !
« Oui… Mais moi ! Trop de soucis me sollicitent, trop de travail m’accapare ; et puis, je vous l’ai dit, je suis trop vieux. Ces idées sont pour moi trop nouvelles. L’intelligence d’un homme n’est susceptible d’embrasser qu’un certain quantum de création et de nouveauté. Lorsque cette part est épuisée, quel que soit le progrès ambiant, on refuse de voir et d’avancer… Je suis incapable de jeter dans la discussion l’exagération féconde. Je suis incapable de l’audace d’être logique. Je vous l’avoue, mon enfant, je n’ai pas la force d’avoir raison ! »
— Mon cher maître, dit le jeune homme avec un accent de reproche qui se réveillait embelli et sincère devant cette sincérité, vous avez publiquement manifesté votre désapprobation contre ceux qui avaient combattu en public l’idée de patriotisme ! On s’est servi, contre eux, de l’importance de votre nom.
Le vieillard se redressa. Sa figure se colora.
— Je n’admets pas qu’on mette le pays en danger !
Je ne le reconnaissais plus. Il retombait de sa