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en assourdissant également sa voix, la même fraternité dans le mal que dans le néant.

— L’unique germe de mort, l’infiniment petit qui sème dans les chairs la moisson affreuse, serait ce microbe dont le rôle semblait jusqu’ici assez neutre, à côté duquel on est passé sans presque le voir : le bacterium termo.

« Il surabonde dans le gros intestin, il existe par milliards chez l’individu sain.

« C’est lui qui, dans un terrain phosphaté, deviendrait le staphylocoque doré, l’agent du furoncle et de l’anthrax qui mortifient des coins de chair.

« C’est lui qui, dans l’intestin grêle, deviendrait bacille d’Éberth, auteur de la pustule typhique… »

L’homme de science prenait un air plus solennel et plus pénétré, à mesure que se précisait le nom de l’ennemi jusqu’ici invaincu :

— C’est lui, enfin, qui, dans un terrain déphosphaté, deviendrait bacille de Koch.

« Le bacille de Koch, ce n’est pas seulement la tuberculose, sous ses formes pulmonaire, laryngée, intestinale, osseuse. Landouzy le dénonce dans les liquides de pleurésie, Kuss dans les abcès froids.

— D’ailleurs, interrompit le vieux savant, dont les yeux étaient attentifs et graves, a-t-on intégralement dénombré l’immense variété des lésions d’origine tuberculeuse ?

— Prenons-le dans le poumon, — puisque,