Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
362
LE FAUCON,

Doux, tendre, pathétique, & pourtant inutile.

Federic.

Pourſuis ; tout à loiſir je te laiſſe jaſer.

Pasquin.

Nous voici dans un lieu propre à moraliſer.
Çà, raiſonnons un peu : Pour plaire à votre Ingrate,
Dont malgré ſes rigueurs le ſouvenir vous flate,
Vous n’avez épargné ni bijoux, ni cadeaux :
Pour elle tous les jours c’étoient plaiſirs nouveaux,
Comedie, Opera, bonbance ſur bonbance :
Cependant, de vos ſoins, quelle eſt la récompenſe ?

L’Amour qui vous a fait conſumer votre bien,
Eſt ce Faucon lâché, qui ne rapporte rien.

Federic.

Quoi ! des comparaiſons !

Pasquin.

Quoi ! des comparaiſons ! Ce ſont ſages paroles ;
Mais vous les écoutez comme des fariboles,
Que d’un air dédaigneux il faut mettre à l’écart ;
Et d’ailleurs mes leçons viennent un peu trop tard.

Federic.

Moraliſeur fâcheux, n’as-tu plus rien à dire ?

Pasquin.

Quoi ! vous ne pleurez pas !

Federic.

Quoi ! vous ne pleurez pas ! Va, je n’aime qu’à rire.