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DE CESAR.

Ah ! que Rome soit libre, & que César périsse,
Je dois à mon pays ce sanglant sacrifice.
Marchons sans balancer… Mais que vois-je ? grands Dieux !
Quel effroyable objet se présente à mes yeux !
Quel fantôme s’avance, & d’une voix fatale
M’annonce qu’il m’attend dans les champs de Pharsale.
Est-ce une illusion ? Quoi deja mes remors
Font sur mes sens troublés de si puissans efforts !
Que ne feront-ils pas si j’acheve le crime ?
Non, César, à te perdre en vain Rome m’anime,
Et m’appelle avec toi du tendre nom de fils.
Je ne suis plus Romain, s’il faut l’être à ce prix :
Ma gloire m’est trop chere, elle en seroit noircie.
J’entens du bruit : on vient. Je tremble, c’est Porcie.



Scène 5

BRUTUS, PORCIE
Porcie.


BRutus, pourquoi Cesar me fait-il apeller ?
Avant que de le voir, j’ai voulu vous parler.
Eclaircissez le trouble où cet ordre me jette…
Mais votre ame à son tour me paroit inquiette.
Ah ! je tremble d’effroi. Dieux l’auriez-vous permis ?