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LA MORT



Scène 2

CESAR, ANTOINE, BRUTUS.
Cesar.


LA fortune, Brutus, vers vous guide mes pas ;
J’ai besoin d’un ami qui ne me flate pas :
Ouvrez-moi votre coeur, je sçai qu’il est sincère,
Et que j’en dois attendre un conseil salutaire.
Si j’en crois un avis qu’on vient de me donner,
Au milieu du Sénat on doit m’assassiner.
Dans un péril si grand quel parti dois-je prendre ?
Parlez ; c’est de vous seul, que mon sort va dépendre.

Brutus.

Ah ! Seigneur, pouvez-vous balancer un moment ?
N’allez pas au Senat, c’est là mon sentiment.

Antoine.

Que dites-vous, Brutus ?

Brutus.

Ce que ma foi m’inspire.

Antoine à César.

Ah ! Seigneur, songez bien qu’il y va de l’Empire.

Brutus.

Songez plûtôt, Seigneur, qu’il y va de vos jours,
Et qu’un fer inhumain en doit trancher le cours.

Antoine.

Quoi ? Seigneur, au Senat vous feriez cet outrage,