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LA MORT

Oui, Madame, à Brutus j’ai promis votre main ;
Je veux être obéi, soyez prête à demain.

Octavie.

Helas !

Cesar.

Vous soupirez.

Octavie.

Seigneur, si je soupire,
Ce n’est pas qu’à vos loix je balance à souscrire :
Mais si je hais Brutus, c’est que je vois, Seigneur,
Que l’ingrat vous trahit dans le fond de son cœur,
Que je vous fais, sans fruit, un triste sacrifice,
J’obéirai pourtant, s’il faut que j’obéisse.
J’y vais forcer mon cœur autant que je pourai,
Et ce n’est qu’en mourant que je vous trahirai.



Scène 9

Cesar seul.


CIel ! quel est ce langage, & par quel sort étrange
Chacun à son devoir avec peine se range ?
Octavie a mes loix obéit à regret :
Si je l’en crois, Brutus me trahit en secret :
Antoine furieux en reproches êclate.
C’est donc là le pouvoir dont mon orgueil se flate ?
O combien est à plaindre un cœur ambitieux !