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DE CESAR.

Le tems fera le reste, & j’espère, Seigneur,
Que la haine & l’amour sortiront de son cœur.

César.

Que je serois heureux, si ce coeur indomtable,
A force de bienfaits rendu plus équitable,
Pouvoit enfin pour moi désarmer ses rigueurs !
Je n’aspire, Brutus, qu’à régner sur les cœurs,
Et Rome vainement m’offre un superbe empire,
S’il faut qu’un seul Romain en secret en soupire.
A de si beaux desseins prêtez-votre secours,
Faites bénir par tout & mes loix & mes jours ;
Prevenez le Senat, & faites-lui connoître
Que César en ces lieux est plus pere que maître ;
Je l’attens de vos soins, & j’ose me flater
Que, pour me rendre heureux, vous allez tout tenter.

Brutus.

Seigneur, votre bonheur dépend tout de vous même,
Le Senat vous revere, & le peuple vous aime,
Votre pouvoir ici n’a pas besoin d’apui :
Mais Antoine paroît, je vous laisse avec lui.