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ARRIE ET PETUS,

Je ne dois pas me perdre & vous perdre vous-même.

Claudius.

Je crains peu ce péril, & ſeul maître en ces lieux,
Au-deſſus de mon ſort je ne voi que les Dieux.
Mais en vain je m’attache à raſſurer votre ame,
Un obſtacle plus fort deſeſpere ma flamme.
Et quand vous rejettez et l’Empire, & ma foi,
Je lis dans vos refus votre haine pour moi.
Je voi de mon ardeur quel prix je dois attendre ;
Vous ne me répondez que pour vous en défendre ;
Et vous cheriſſez trop un triſte ſouvenir.

Arrie.

Je fais ce que je puis, Seigneur, pour le bannir.

Claudius.

Vous oublieriez ſans peine une pareille offenſe,
Si vous laiſſiez agir votre reconnoiſſance.

Arrie.

Ce grand effort, Seigneur, n’eſt pas en mon pouvoir :
Et dans mon triſte cœur tout cede à mon devoir.

Claudius.

Quel que ſoit ce devoir il y prend trop d’empire.

Arrie.

Quel que ſoit ce devoir la vertu me l’inſpire.

Claudius.

J’entrevoi tous les ſoins qui vous ſont inſpirez,
Vous en cachez encor plus que vous n’en montrez.