Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
TOMYRIS,

Si l’ingrat a pris ſoin de la perſuader.
Je veux bien cependant, avant qu’elle périſſe,
Garder pour ſon trépas quelque ombre de juſtice.
Elle trompe Aryante, & loin de m’obéir,
Avec elle Cyrus conſpire à me trahir.
Il faut qu’ils ſoient tous deux convaincus de leur crime,
Et pour lors ma fureur choiſira ſa victime.
Mandane & ſon Amant en ces lieux vont venir ;
Sans témoins, par mon ordre, ils vont s’entretenir ;
C’eſt où je les attens. Qu’ils viennent, Gélonide :
De leur ſort & du mien cet entretien décide.
Mandane l’a voulu j’y conſens à mon tour.
Mais, ô plaiſir funeſte ! elle en perdra le jour ;
On ouvre, je la vois ; diſſimulons encore.



Scène III.

TOMYRIS, MANDANE, GELONIDE.
Tomyris.


JE cede aux volontés d’un fils qui vous adore,
Madame, & je veux bien riſquer en ſa faveur
Tout le droit que Cyrus m’a donné ſur ſon cœur.
Je ne me flatte point : je ſçai que ma conquête
Peut encor m’échaper, ſi ma main ne l’arrête ;
Et mon hymen peut-être auroit dû prévenir
L’entretien que mon fils vous a fait obtenir.