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TRAGEDIE.

Madame ; & le deſtin jadis ſi favorable,
Du plus heureux des Rois fait le plus miſerable.

Mandane.

Après cette rigueur qu’il exerce ſur vous,
Je ne puis murmurer de reſſentir ſes coups.
Cyrus chargé de fers, doit ſoulager mes chaînes ;
Cyrus infortuné doit adoucir mes peines.

Cyrus.

Madame, du deſtin contre nous irrité
Vous ne connoiſſez pas toute la cruauté.

Mandane.

Non ; ſes plus rudes coups ont beau fraper mon ame,
Vous pouvez ſeul…

Cyrus.

Vous pouvez ſeul…. Hélas ! hé, que puis-je, Madame ?

Mandane.

M’aimer, & c’eſt aſſez pour combler mes deſirs.
Renouvellons l’ardeur de nos premiers ſoupirs ;
Rappellons cette foi ſi ſaintement jurée :
Cet amour dont le tems reſpecte la durée ;
Cet hymen qui devoit à jamais nous unir.
Quels maux n’adoucit point un ſi cher ſouvenir ?
Mais quoi ? vous vous troublez. Vous gardez le ſilence.
Vous détournez les yeux.

Cyrus, à part.

Vous détournez les yeux. Dieux ! quelle violence !