Page:Barbier - Théâtre, 1745.pdf/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
TOMYRIS,



Scène II.

TOMYRIS, GELONIDE.
Gelonide.


DAigne le juſte Ciel répondre à mon attente !
Puiſſe le fier Vainqueur nous accorder la paix !

Tomyris.

Ne me fais pas rougir par d’indignes ſouhaits.
Cyrus eſt mon Vainqueur. De ſes ſanglantes rives
L’Araxe a vû partir mes Troupes fugitives ;
Et de mes Ennemis ce Camp environné,
Ne laiſſe aucun eſpoir au Scythe conſterné.
Mais en vain je prévoi ma perte inévitable,
Le cœur de Tomyris eſt toujours indomtable.

Gelonide.

Ah, Madame ! ce cœur, fût-il encor plus fier,
Peut-il de vos États voir le ravage entier ?
Mais au moins partagez nos mortelles alarmes ;
Ecoutez nos ſoupirs, voyez avec nos larmes,
Tant de ſang qui pour vous en ces lieux a coulé.

Tomyris.

Acheve, & parle-moi de mon fils immolé.
Ranime mon courroux par ces honneurs funébres
Que je viens de lui rendre au milieu des ténébres.
Montre-moi ce bucher dont la noire vapeur
Elevoit juſqu’au Ciel mes vœux & ma douleur.