Cygne plein d’amertume et dont la passion
D’une brûlante main pétrit le pur limon,
Laisse rougir le front de la patrie ingrate ;
Tandis que ton beau nom avec le sien éclate
Sur tous les points du globe en signes merveilleux,
Laisse-la négliger tes mânes glorieux ;
Laisse-la, te couvrant d’un oubli sans exemple,
Faire attendre à tes os les honneurs de son temple.
C’est l’éternel destin ! C’est le sort mérité
Par tous les cœurs aimant trop fort la vérité !
Oui, malheur en tout temps et sous toutes les formes
Aux apollons fougueux qui, sur les reins énormes
Et le crâne rampant du vice abâtardi,
Poseront comme toi leur pied ferme et hardi !
Malheur ! Car ils verront le monstrueux reptile,
Gonflant de noirs venins sa poitrine subtile,
Bondir sous leurs talons, et dans ses larges nœuds
Écraser tôt ou tard leurs membres lumineux !
Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/252
Cette page n’a pas encore été corrigée