Pourquoi le lâche auquel j’ai livré ma jeune âme,
L’homme qui m’entraîna du logis paternel,
Méprisant sa parole et les feux de l’autel,
M’a-t-il abandonnée à la misère infime ?
Je n’aurais point, le front battu des vents du crime,
Pour sauver mon enfant, comme Agar au désert,
Faute d’ange, trouvé le chemin de l’enfer.
Et partout l’on nous dit : allez, femmes perdues !
Et les femmes, nos sœurs, en passant par les rues,
S’éloignent devant nous avec un cri d’horreur ;
Nous troublons leur pensée et nous leur faisons peur.
Ah ! Nous les détestons ! Ah ! Quelquefois nous sommes
Malheureuses au point qu’au front même des hommes
Il nous prend le désir d’attenter à leur peau,
De mettre avec nos mains leur visage en lambeau.
Car nous savons d’où vient leur épouvante sainte,
Nous savons que beaucoup ne tiennent qu’à la crainte
De décheoir dans le monde et de perdre leur rang,
Et que cette terreur est un ressort puissant
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