Portant sur les trottoirs son amour taciturne.
Le vieux Londre a besoin d’immoler tous les ans
À ses amours honteux plus de cinquante enfants ;
Pour son vaste appétit il ravage la ville,
Il dépeuple les champs, et par soixante mille,
Soixante mille au moins vont tomber sous ses coups,
Les plus beaux corps du monde et les cœurs les plus doux.
Hélas ! D’autres sont nés sur la plume et la soie,
D’autres ont hérité des trésors de la joie,
Partant de la vertu. — pour moi la pauvreté
M’a reçue en ses bras, sitôt que j’eus quitté
Le déplorable flanc de ma féconde mère.
Ô triste pauvreté, mauvaise conseillère,
Fatale entremetteuse, à quels faits monstrueux
Livrez-vous quelquefois le seuil des malheureux ?
Vous avez attendu que je devinsse belle,
Et lorsque sur mon sein, fleur pudique et nouvelle,
La nature eut versé les plus purs de ses dons,
Une fraîcheur divine et de grands cheveux blonds,
Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/210
Cette page n’a pas encore été corrigée