Par la douceur de l’air et la beauté des nuits,
S’abandonne sans peine à la musique folle,
Et, la rame à la main, doucement se console ;
Alors penchant la tête, et pour mieux écouter,
Vous regardez les flots qui viennent de chanter
Et la gondole passe, et sur les vagues brunes,
Son flambeau luit et meurt au milieu des lagunes ;
Et vous, toujours tourné vers le point lumineux,
Le cœur toujours rempli de ces chants savoureux
Qui surnagent encor sur la vague aplanie,
Vous demandez quelle est cette lente harmonie,
Et vers quels bords lointains fuit ce concert charmant
Alors, quelque passant vous répond tristement :
« Ce sont des habitants des lieux froids de l’Europe,
De pâles étrangers que la brume enveloppe,
Qui, sans amour chez eux, à grands frais viennent voir
Si Venise en répand sur ses ondes, le soir.
Or, ces hommes sans cœur, comme gens sans famille,
Ont acheté le corps d’une humble et belle fille,
Et pour combler l’orgie, avec quelques deniers,
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