Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais nous, mais nous, hélas ! Habitants de la terre,
Il faut savoir souffrir, mendier et nous taire ;
Il faut de notre sang engraisser les abus,
Des fripons et des sots supporter les rebuts ;
Il faut voir aux clartés de la pure lumière
Des choses qui feraient fendre et crier la pierre ;
Puis, dans le creux des doigts enfermer avec soin
Son âme, et s’en aller gémir en quelque coin ;
Car la plainte aujourd’hui vous mène au précipice,
Aux doux épanchements le sol n’est point propice,
Notre terre est infâme, et son air corrupteur,
Sur deux hommes causants, enfante un délateur.


Le pêcheur.


Toujours, ô mon Rosa ! Toujours les vents contraires
Ne déchireront pas la voile de nos frères ;
Des célestes balcons, les dieux penchés sur nous,
Souffleront moins de bise et des zéphirs plus doux.
S’ils sont justes là-haut, s’ils régissent la terre,