Plus cette eau sans limon va roulant de la fange,
Plus ce beau ciel limpide et ce bleu sans mélange
Voient s’étendre sur eux de nuages épais,
Et la foudre en éclats leur enlever la paix :
Si bien qu’un jour, ridé comme un homme en vieillesse,
Le globe dépouillé de grâce et de jeunesse,
Faute de forme, irait, sans secousse et sans maux,
Replonger de lui-même au ventre du chaos…
Oh ! Pardonne, mon dieu, ces cris illégitimes !
C’est que le désespoir va bien aux cœurs sublimes,
C’est que la forme morte et sans recouvrement
Est une chose amère à qui sent fortement.
Aussi, chœurs des souffrants, ô troupes lamentables,
Amants, tristes époux, mères inconsolables,
Vous qu’une forme absente accable de douleurs,
Et le jour et la nuit fait sécher dans les pleurs,
Vous, poëtes divins, chanteurs au front austère.
Et vous, prêtres de l’art, ô peintres qui, sur terre,
Pliant les deux genoux, comme l’antiquité,
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