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abond, était restée le cœur sur les lèvres, venait de monter dans sa chambre pour se jeter un instant sur son lit.

— Voilà un mois qu’il vient, ce médecin, et pour rien ! dit Agathe. Il y a trois jours qu’il était là encore, continua-t-elle avec violence. Eh bien ! ce que je crois, Madame, c’est que la pauvre demoiselle a plus besoin d’un prêtre qui l’exorcise que d’un médecin qui ne la guérit pas !

Madame de Ferjol regarda la vieille Agathe comme on regarde une personne qui vient d’être atteinte d’un premier accès de folie.

— Oui, Madame, dit la vieille dévouée qui n’avait pas peur des yeux immenses avec lesquels madame de Ferjol la regardait. Oui, Madame ! un prêtre, qui défasse la diabolique besogne du capucin !

Les yeux de madame de Ferjol jetèrent une lueur sombre.

— Quoi, dit-elle, Agathe, vous oseriez croire ?…

— Oui, Madame, dit intrépidement Agathe, je crois que le Démon a passé par ici, et qu’il y a laissé ce qu’il laisse partout où il passe…