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qui savait que sa mère devait la prendre après sa prière à l’église, au déclin du jour, dans la montagne, vint à l’église, n’ayant plus le courage d’attendre, tant elle souffrait dans tout son être ! Quand elle y entra, elle vit de dos madame de Ferjol agenouillée dans le confessionnal, et elle s’assit sur le banc, derrière elle, écrasée de fatigue. Était-ce d’avoir trop marché ? L’église, toujours sombre entrait dans une obscurité grandissante. Ses vitraux n’avaient plus de lueur. Cependant, quand madame de Ferjol sortit du confessionnal, l’heure du souper n’étant pas encore sonnée, elle dit à Lasthénie : « C’est demain fête… pourquoi ne communierais-tu pas avec moi demain, et n’irais-tu pas à confesse pendant que je fais mon action de grâces ? Tu as bien le temps. » Mais Lasthénie dit que non… qu’elle n’était pas préparée… et elle resta à sa place, assise, sans prier, pendant que madame de Ferjol, à genoux sur la dalle, faisait sa prière… Elle était anéantie, et elle avait, en ce moment-là, l’indifférence de l’anéantissement. Ce refus de se confesser et de communier étonna madame de Ferjol, qui ne