Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions domestiques, les mêmes travaux à l’aiguille dans l’embrasure de la même fenêtre, les mêmes visites à l’église, avec sa mère, et avec sa mère encore quelques promenades le long de ces montagnes, aux pentes vertes, sur lesquelles tressaillent ces ruisseaux qui se gonflent ou se dégonflent, selon les saisons, mais ne cessent jamais d’en descendre. Elles s’y promenaient souvent le soir — l’heure des promenades par toute la terre. Mais elles, ce n’était pas comme les habitantes plus heureuses des plaines et des rivages, pour voir se coucher le soleil. Il n’y avait pas de soleil dans ce pays d’entre-montagnes, qui faisaient un écran éternel contre ses rayons. On aurait pu l’apercevoir de leurs cimes, se couchant à l’horizon ; mais il aurait fallu monter jusque-là, et c’était bien haut !… Dans leurs plus longues rôderies, ces dames n’allaient guère qu’à mi-chemin. Ces montagnes au sol gras, et qui n’ont rien de la maigreur et de la chaude rousseur des Pyrénées, avaient, le soir, avec le tapis de prairie qui les couvre, leurs boules de buissons, foisonnant par places, leurs arbres vigoureux qui se penchent,