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tenue, tout fut en lui irréprochable. « Il serait peut-être mieux à la Trappe que dans un couvent, » disait quelquefois madame de Ferjol à sa fille, quand elles étaient seules et qu’elles s’entretenaient de leur hôte et de son audacieuse physionomie. La Trappe, dans l’opinion du monde, est surtout faite, avec son silence et la férocité de sa règle, pour les pécheurs qui ont quelque grand crime à expier. Madame de Ferjol avait un esprit pénétrant. Quoiqu’elle fût dans la plus haute dévotion depuis des années, sa charité de dévote n’empêchait pas sa pénétration de femme du monde de s’exercer… Spirituelle, très capable d’apprécier la grande éloquence du Père Riculf, — un nom du Moyen-Âge qui, du reste, lui allait bien — elle n’était cependant pas plus entraînée par cette éloquence que par l’homme qui en était doué… À plus forte raison sa jeune fille que cette dure éloquence faisait trembler… Ni le talent, ni l’homme n’étaient adhérents à ces deux femmes, et pour cette raison, elles n’allèrent point à confesse à lui, comme les autres femmes de la bourgade, qui s’en affolèrent. C’est assez la coutume, dans