Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connu une — (une jeune fille) — qui avait donné la sienne à un homme coupable du même crime que Riculf sur Lasthénie, et qui avait volontairement épousé l’effroyable fiancé de son sommeil, quoique avec une horreur invincible… Ne voulant pas avoir à rougir devant cet homme, la noble fille était morte après des années, mariée, en lui gardant une épouvantable fidélité.

Madame de Ferjol, qui n’avait jamais entendu parler de somnambulisme dans sa solitude des Cévennes, resta stupéfaite au récit de l’abbé de la Trappe. Elle était médusée par le crime de cet homme-fléau qui avait passé dans sa vie et celle de sa fille, comme un vampire, et qui, de la monstruosité tombant dans l’ignominie, avait fini par cette vileté d’être un voleur. Ici la femme de race revint du fond de la mère indignée, et l’idée, l’abjecte idée du voleur lui sembla plus insupportable à admettre que le crime même sur Lasthénie, consommé lâchement pendant le sommeil. Elle douta un instant de cette dernière turpitude, qui lui souillait deux fois sa fille. Mais l’abbé de Bricquebec lui dit que la